L’histoire politique guinéenne est jalonnée de désillusions, de promesses trahies et de luttes confisquées. Si aujourd’hui la République ploie sous le poids de ses contradictions, de ses blessures et de ses échecs, deux noms apparaissent comme des repères majeurs du désastre : Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo. L’un, ancien président, s’est arrogé le droit de violer la Constitution, d’imposer un troisième mandat et de gouverner par la répression et la division. L’autre, ancien Premier ministre, longtemps complice d’un système corrompu, a fini par incarner une opposition de façade, oscillant entre calcul personnel, pactes occultes et incapacité chronique à offrir une alternative crédible.
Ces deux hommes, loin de s’opposer réellement dans l’intérêt de la Guinée, ont en réalité co-construit le malheur national. Alpha Condé, en s’érigeant en monarque républicain, a détruit les institutions et semé les germes de la violence politique. Cellou Dalein, en s’enfermant dans une victimisation permanente et en jouant sur la fibre communautaire, a nourri les fractures ethniques et entretenu une culture d’impuissance chez ses partisans. L’un et l’autre ont pris en otage la destinée d’un peuple assoiffé de justice, de démocratie et de progrès.
ET VOICI LE PARADOXE :
ceux-là mêmes qui ont méthodiquement piétiné les urnes, usé de la fraude et du mensonge comme d’un carburant politique, osent aujourd’hui appeler au boycott du scrutin du 21 septembre 2025. Alpha Condé, fossoyeur de la démocratie, et Cellou Dalein, éternel opposant inefficace, voudraient désormais jouer les donneurs de leçons. Quelle ironie ! Quelle insulte à l’intelligence du peuple guinéen !
Le boycott qu’ils prônent n’est pas un acte de résistance patriotique, mais une manœuvre cynique visant à camoufler leur faillite politique. Alpha Condé, dont le nom restera à jamais associé au tripatouillage constitutionnel et aux massacres de manifestants, tente de réécrire son histoire en posant un geste qu’il n’a jamais respecté lorsqu’il était au pouvoir. Cellou Dalein, lui, après avoir usé jusqu’à l’os la carte de la victimisation, se réfugie dans le boycott pour masquer son incapacité chronique à conquérir démocratiquement le pouvoir.
EN RÉALITÉ, LEUR APPEL EST LE REFLET D’UNE DOUBLE BANQUEROUTE :
celle d’un ancien chef d’État déchu qui n’a laissé que désolation, et celle d’un opposant professionnel qui a survécu politiquement grâce à ses échecs répétés. Le peuple, qui a tant souffert de leurs calculs et de leurs rivalités stériles, ne peut se permettre de tomber encore une fois dans ce piège grossier.
LA VÉRITÉ EST SIMPLE :
Ces deux hommes ne croient plus à la République, parce qu’ils l’ont abîmée. Ils ne croient plus au peuple, parce qu’ils l’ont trahi. Ils ne croient plus au vote, parce qu’ils l’ont souillé. Leur appel au boycott est l’ultime tentative de rester au centre du jeu politique malgré leur disqualification morale. Mais la Guinée n’a pas besoin de fossoyeurs repentis ou de victimes professionnelles. Elle a besoin d’hommes et de femmes qui croient en son avenir, qui respectent sa souveraineté et qui sont prêts à se sacrifier pour construire une véritable nation.
L’histoire retiendra que le tandem Alpha Condé – Cellou Dalein Diallo fut l’incarnation d’une génération politique qui a échoué. L’un dans le pouvoir, l’autre dans l’opposition, mais tous deux responsables d’avoir confisqué les espoirs d’un peuple. Leur appel au boycott du 21 septembre 2025 n’est pas un acte d’honneur, mais un aveu : celui de leur défaite face à l’Histoire. Et l’Histoire, elle, n’absout jamais les architectes du malheur national.
Abdoul Mazid Bah
Analyste politique.