C’est avec un cœur meurtri que j’écris ces lignes, en pensant à l’injustice criante dont est victime M. Aliou Bah, président du MoDeL. Voilà plus de deux mois qu’il est emprisonné, non pour un crime, non pour un délit, mais simplement pour avoir osé exprimer ses opinions sur la conduite de la transition guinéenne. Son seul tort est d’avoir demandé que les engagements pris par le CNRD soient tenus avec sincérité et honnêteté. Son « crime » est d’avoir refusé de se taire face aux promesses non tenues, d’avoir exigé que le chèque en blanc signé par le peuple soit honoré avec des actions concrètes et non par des discours creux.
Comment peut-on accepter qu’un intellectuel brillant, un patriote engagé, croupisse en prison sans que le peuple, qu’il a toujours défendu avec courage, ne s’indigne massivement ? L’histoire nous enseigne que l’hypocrisie humaine est un fardeau que portent souvent les justes. Bah Mamadou, Alpha Condé et tant d’autres ont connu l’épreuve de l’injustice avant lui. Eux aussi ont été abandonnés par une partie de leurs concitoyens lorsqu’ils traversaient leur calvaire. Mais ni l’adversité ni la trahison n’ont ébranlé leur engagement.
Que le CNRD comprenne une chose : la place d’Aliou Bah n’est pas en prison. Ceux qui l’ont fait arrêter et ceux qui, par opportunisme, alimentent cette répression, ne rendent service ni à la transition ni à la Guinée. Ils ne servent qu’eux-mêmes, au détriment de l’histoire et du destin de notre pays.
Général Mamadi Doumbouya, l’histoire jugera chacun de vos actes. Que retiendra-t-elle de vous ? Un dirigeant soucieux du bien commun, capable d’écouter et d’accepter la contradiction pour bâtir une Guinée meilleure ? Ou un pouvoir qui a confondu opposition et ennemi, critique et menace, engagement et insubordination ?
Il est facile d’écouter ceux qui flattent. Mais il est plus utile d’entendre ceux qui disent non, de comprendre pourquoi ils s’opposent, et d’en tirer des leçons pour mieux gouverner.
Pensez-y un instant : Aliou Bah passera ce mois de Ramadan en prison, enfermé par des hommes qui, eux, s’apprêtent à accomplir les rites de l’islam. Comment peut-on invoquer Dieu d’un côté et commettre une telle injustice de l’autre ? Quelle prière peut être acceptée lorsqu’elle est entachée par l’oppression ?
Celui qui vit en contradiction entre ses paroles et ses actes ne peut espérer être entendu ni respecté.
Tiens bon, cher Aliou Bah.
Dieu est le juge suprême et rien ne lui échappe. Tu as déjà ta place dans l’histoire politique de notre pays. Seul le temps est maître de tout.
Abdoulaye Amie Soumah
Vice Président du MoDeL chargé de formation