Poursuivi pour offense au chef de l’État et diffamation par le biais d’un système informatique, Aliou Bah était à la barre ce mercredi 26 mars 2025, pour son procès en appel. Le leader du MoDeL a été nouveau entendu sur sa version par rapport aux infractions dont il fait preuve de poursuite.
A la barre, Aliou Bah a rejeté les faits portés à sa charge, avant de revenir fidèlement sur les conditions de son interpellation jusqu’à sa condamnation.
‘’Lorsque j’ai été arrêté, comme mes conseils l’ont expliqué, c’était à la frontière de Pamelap, je me rendais avec mon chef protocole et mon chauffeur pour des raisons privées. Rien ne m’a été notifié. Il a été simplement dit. Nous avons été d’ailleurs gardés pendant un peu plus de 4 heures. J’ai été embarqué pour Conakry. Nous avons été pris en charge, par des personnes cagoulées, armées jusqu’aux dents. À Conakry, j’ai été gardé pendant 4 nuits, 5 nuits comme ça dans une cellule insalubre où j’ai été obligé de me coucher à même au sol en partageant ma cellule avec plusieurs autres personnes qui étaient des inconnues. Humainement, lorsqu’on se retrouve dans une situation comme ça, on discute avec les gens. J’ai compris que je n’étais pas dans un endroit approprié.
Bien naturellement, j’ai enduré cette situation. Je suis préparé psychologiquement. Ce que je sais, c’est que je connais l’histoire de mon pays. Pour l’avoir étudié, Je sais que je ne suis pas le premier et je souhaitais être parmi les derniers. Ces conditions, je les ai acceptées. Ainsi, j’ai été déféré à la maison centrale.
Et lorsqu’il y a eu le procès, tout ce qui a été développé comme argument, n’était pas de nature à prouver une quelconque offense ou à porter une diffamation vis-à-vis de qui que ce soit. Chaque fois que je me suis prononcé, je me suis prononcé dans un cadre légal, à l’occasion des meetings au siège du parti, à l’occasion de mes prises de position avec des médias par rapport à des interviews. Tout ceci a été collecté par ceux qui voudraient me faire du mal, ceux qui avaient comme objectif de me faire taire et qui continuent, parce qu’ils estiment que mon discours est dérangeant par rapport à des intérêts particuliers qui sont en train d’être développés.
Entre autres éléments, j’ai eu à rappeler, et je continue de croire qu’il faut le rappeler, que les autorités de la transition actuelles ont pris des engagements devant le peuple Guinée, par le biais du président de la transition. La transition devait durer 3 ans et qu’elle devait prendre fin le 31 décembre 2024. J’ai eu à rappeler, dès les premières heures, et devant les autorités de la transition, y compris le président de la transition, le 14 septembre 2021, 9 jours après l’arrivée du pouvoir : ‘Voici les leçons de l’histoire. Ne les cherchez par ailleurs. Elles sont autour de nous. Tirez des leçons de ce qui s’est passé avec vos prédécesseurs. Vos discours sont très nobles, mais nous vous jugerons par vos actes’. J’ai dit à haute voix : ‘vous vous êtes engagés à organiser des élections, organisez des élections compétitives’. Je m’en tiens à ça, je le maintien. Je ne me reproche de rien! Il n’y a aucune preuve qui justifie que j’ai fait une diffamation de quelque nature que ce soit’’, a-t-il déclaré.
La présidente de la Cour Hadja Fatou Bangoura, à sa prise de parole, a demandé au prévenu s’il confirme qu’il n’a jamais tenu de propos accusatoires à l’endroit du président de la transition. Aliou Bah a répondu par l’affirmatif. La juge a enchaîné : « quand vous dites que les autorités doivent dire la vérité sur les cas d’enlèvements, vous faites allusion à quoi? » Le prévenu a répondu : « c’est à toutes les autorités en général. Je n’ai jamais parlé du président de façon particulière’’.
La juge ne s’arrête pas là. Hadja Fatou Bangoura demande si le prévenu détient ces déclarations. Aliou Bah est à l’aise, et rappelle la vidéo de témoignages d’un des kidnappés avec Oumar Sylla, et la sortie du ministre de la justice.
De son côté, le ministère public qui s’est montré pauvre en élément concret, demande au prévenu de s’il reconnaît les faits. Bien évidemment, il a répondu par la négative. Le procureur dans un élan de faire la déduction, demande à Aliou Bah c’est qui la plus haute autorité? Le prévenu ayant compris cette démarche, s’est retenu de répondre à la question.
Du côté de la défense, il n’y a eu que des questions de précision. Après quoi, les avocats de le défense ont adressé la demande de médiatisation de ce procès. Le ministère public s’y est opposé. Bien qu’elle tienne à ce que sa demande soit acceptée, la défense a fait savoir qu’elle tient à s’en passer, si cela risque de ralentir la procédure.
Ainsi, la présidente de la cour Hadja Fatou Bangoura a décidé de renvoyer l’affaire au 9 avril prochain, pour la suite des débats et la demande de médiatisation du procès adressée par la défense.
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