Le procès de l’opposant Aliou Bah se poursuivit ce mercredi 23 avril 2025, devant la cour d’appel de Conakry. L’affaire est entrée dans la phase des plaidoiries et réquisitions depuis mardi. C’est toujours le pool des avocats de la défense qui présente ses plaidoiries.
Pour ce cinquième jour d’audience, c’est Me Halimatou Camara qui a ouvert le bal. L’avocate et défenseuse des droits de l’homme a commencé par rappeler que depuis l’ouverture de ce procès, rien n’a été fait pour respecter la loi. Elle fait référence aux conditions d’interpellation de son client le 26 décembre dernier, alors qu’il était en partance pour la sierra Leone.
‘’M. Aliou Bah a été arrêté dans des conditions iniques et arbitraires et ce, sans aucune intervention du parquet général pour tenter de retrouver les auteurs de cette pratique’’, dénonce-t-elle.
Ensuite, l’avocate a déploré la condamnation de son client en première instance, pour des « faits non fondés », pendant qu’il y a des crimes commis dont les auteurs n’ont toujours pas été mis devant leur responsabilité.
De même, Me Halimatou a fait le lien entre les faits dont son client fait l’objet de poursuite et les événements du stade de N’Zérékoré, le 1er décembre dernier, la disparition des activistes comme Foniké Menguè, Billo Bah, du journaliste Habib Marouane Camara et récemment le cas d’Abdoul Sacko.
‘’Il n’y a jamais eu d’enquête depuis leurs disparitions’’, précise-t-elle.
Par ailleurs, Me Halimatou Camara a affiché une colère noire contre le système judiciaire. Elle est allée jusqu’à dire que ‘’ce procès est un procès de la honte, procès de désespoir et un procès inique. C’est une justice d’apparat où tout le monde vient en robe pour faire semblant. Un système qui se tait sur les crimes contre l’humanité, mais qui fait des grâces présidentielles’’, a-t-elle asséné.
A l’aise dans son narratif, elle cite Martin Luther King dans sa célèbre citation : « I have a dream », espérant que la juge tranchera en faveur de son client. C’est pourquoi, elle interpelle la juge en ces termes : ‘’si vous condamnez M. Aliou Bah à 5 ans, vous serez peut-être félicitée dans les hautes sphères de l’Etat, mais nous aussi, nous serons toujours fiers de porter notre robe sans avoir de compte à rendre à personne que Dieu. Ce procès est une honte, c’est votre responsabilité d’en faire un procès d’espoir’’, a-t-elle interpellé.
Après elle, c’est sa consœur Me. Houlematou Bah qui a pris la relève. Après avoir tenté de démonter l’argumentation du ministère public, l’avocate emboîte les pas de sa collègue.
‘’Ce procès n’est nullement celui de M. Aliou Bah, c’est le procès de la liberté, procès de la dignité’’, affirme-t-elle, la tête haute. Puis, l’avocate s’est indignée du fait que son client soit poursuivi pour des faits d’offense au chef de l’État et diffamation par le biais d’un système informatique, alors qu’il y a des gens qui ont insulté à mainte reprises dit-elle, le président de la transition, mais qu’il n’y a eu aucune justice.
‘’Un reggae-man a insulté toute une communauté et il a été simplement condamné à 6 mois d’emprisonnement assortis de sursis’’, rappelle-t-elle.
A la fin de ses plaidoiries, Me Houlematou Bah a invité la juge à renvoyer son client à des fins de poursuite pour des faits non constitués. En le faisant, elle estime que la juge sortirait par la grande porte de l’histoire.
Les plaidoiries se poursuivent toujours avec Me Gilbert Tohon Camara, Me Mohamed Traoré et le reste. Tous, avocats à la défense.
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